Les vacances apprenantes du lycée Denis-Diderot de Romilly-sur-Seine

Une quinzaine de lycéens participent aux vacances apprenantes à l’établissement professionnel Denis-Diderot.

Le lycée professionnel Denis Diderot offre des « vacances apprenantes » à ses élèves.

Des cases rouges, jaunes ou vertes. Dans l’atelier d’ébéniste, rue Jean-Jaurès, quatorze lycéens sont concentrés sur leur damier. Sous l’œil avisé de leur enseignant, Olivier Dewolf, ils enduisent de colle des bandes de papier pour maintenir en place leurs rectangles en bois bicolore.

Depuis lundi, ces jeunes ont retrouvé volontairement leur établissement, dans le cadre de « l’été du pro ». Cette opération nationale vise les élèves dits « décrocheurs », la semaine précédant la rentrée. «  Nous avions contacté une centaine d’élèves car le décrochage a été massif. Avec le confinement, nous les avons perdus de vue », regrette le proviseur adjoint, Michel Laurent.

« Nous allons chercher à leur redonner envie et à les remotiver en vue de la « vraie » rentrée »

Pendant cinq jours, les élèves sont hébergés à l’internat du lycée. Au programme, des activités à visée pédagogique et d’autres plus ludiques. La première journée, après l’installation, ils ont participé à une journée canoë-kayak, en partenariat avec le club de Romilly. Le lendemain, un rallye était organisé dans la ville pour apprendre à mieux la connaître.

Deux journées et demie en ébénisterie complètent la semaine, qui se terminera par une sortie à Nigloland. Là, ils profiteront du parc et rencontreront les différents corps de métiers présents sur place, pour peaufiner leur projet professionnel.

Le lycée a bénéficié d’une enveloppe de 8 000 euros, venue du rectorat, pour planifier ces animations.

Remotiver les troupes

Pour le proviseur de l’établissement, David Hartmann, le but premier de cette rentrée avant l’heure est la reprise de contact avec l’école : « Ils ne sont pas venus depuis six mois. Nous allons chercher à leur redonner envie et à les remotiver en vue de la « vraie » rentrée. »

Dans l’atelier d’Olivier Dewolf, les jeunes le reconnaissent sans détour : le lycée est un souvenir lointain. Kimberley Camus, 17 ans, n’a pas pu suivre les cours à distance : « j’avais des soucis de connexion internet chez moi, donc j’ai décroché. » La jeune fille est désormais contente de retrouver ses camarades et son établissement.

De son côté, Florian Gauvin, 18 ans, suit une formation pour les métiers d’art. Pendant la période de fermeture du lycée, l’enseignement en ligne a nécessité une autodiscipline trop exigeante à ses yeux. « Je suis venu pour reprendre un rythme, que j’avais complètement perdu depuis le confinement », explique-t-il.

Pour d’autres, la reprise s’annonce tout de même difficile. Cindy Savigne, 16 ans, a été prévenue de la tenue de « l’été du pro » par l’assistante sociale. Un moyen pour la jeune fille de s’éloigner de ses problèmes familiaux, sans pour autant retrouver l’envie. « Je suis passée par plusieurs filières mais aucune ne me correspond vraiment, cela fait un moment que je suis démotivée », confie-t-elle. Pourtant la semaine se passe bien. Elle est satisfaite des activités et de l’entente avec ses camarades.

«  La vie collective est un volet très important : ils vivent ensemble, ils dorment ensemble… Cela développe leurs compétences sociales », souligne Michel Laurent.

« Surmonter ses peurs » face au covid-19

Mais pour que tout cela soit possible, l’établissement a dû veiller au respect des règles sanitaires. Les dortoirs sont limités à deux par chambre, les lits sont espacés d’au moins 1,50 m et le masque est de rigueur lorsque les distances ne peuvent être respectées. En cette veille de rentrée, cet aspect importe beaucoup au corps administratif. « Il faut arriver à surmonter nos peurs et montrer que l’on peut vivre avec l’épidémie de coronavirus et avancer malgré elle », souligne le proviseur.

En juin dernier, lors de la courte réouverture de l’établissement, celui-ci avait noté l’appréhension des élèves. « Face à cette période, qui peut être angoissante pour les jeunes, à nous d’objectiver les choses et de leur apprendre les gestes de protection », affirme-t-il. De son côté, l’établissement est prêt à recevoir les élèves mardi prochain.

 ANNA HUOT “EST ECLAIR du 28/08/2020”